Tout commence dans le décor idyllique d’un palace de la côte d’Azur, cadre choisi par John Diman (Fabio Testi), un élégant septuagénaire, pour couler des jours paisibles en sirotant des cocktails tout en contemplant, pourquoi pas, sa jeune voisine de chambre allongée sous un soleil généreux. Moment où la disparition de celle-ci le ramène à l’époque dorée des années 60 lorsque, jeune agent secret charismatique (ayant les traits de Yannick Renier), il sillonnait la Riviera et traquait inlassablement de redoutables ennemis dont la mystérieuse Serpentik dissimulée par son masque de cuir. Et de bientôt dériver entre passé et présent, entre fantasmes et réalité, ses souvenirs infusant une intrigue labyrinthique se déployant dans une myriade de directions, en écho aux multiples facettes d’un diamant…
Révélés en 2010 par Amer, Hélène Cattet et Bruno Forzani ont su, de L’étrange couleur des larmes de ton corps à Laissez bronzer les cadavres, imposer un style éminemment personnel, se nourrissant de cinéma de genre – le giallo, mais pas que – pour l’emmener en territoires narratif et esthétique inédits. Une démarche qui trouve une forme d’aboutissement dans Reflet dans un diamant mort, une variation sur film d’espionnage, et sans conteste leur opus le plus abouti. Comme toujours chez les cinéastes, les références abondent : James Bond, bien sûr, mais aussi Mort à Venise, de Visconti, les fumetti italiens des années 60, ou encore les illusions d’optique de l’Op art. Un kaléidoscope d’inspirations pour un film-puzzle stylisé déconstruisant, l’air de rien, la figure du héros au gré de son intrigue en trompe-l’oeil. Et une expérience de cinéma sensoriel à laquelle on s’abandonne avec volupté…
Reflet dans un diamant mort
Thriller labyrinthique d’Hélène Cattet et Bruno Forzani. Avec Fabio Testi, Yannick Renier, Maria de Medeiros, Koen de Bouw.