Errance nocturne à Hong-Kong

Michelle Reis

« Seuls les fous s’aventurent là où les anges ne vont pas… » Sorti en 1995, Fallen Angels, le quatrième long métrage de Wong Kar-Wai, se voulait le prolongement de son précédent Chungking Express. Le réalisateur y met en scène un chassé-croisé de solitudes, le film orchestrant le ballet, électrique et sensuel, entre un tueur à gages et son associée qu’il ne croise jamais, duo à contre-temps auquel vient s’ajouter un petit malfrat que son mutisme isole du monde.

La nuit hongkongaise prête son décor de néon à ce film où l’errance se pare de vertus hypnotiques, accentuées par la mise en scène ultra-stylisée (avec un recours immodéré au fish eye), la photographie étourdissante de Christopher Doyle et les atmosphères sonores de Frankie Chan. Soit, nerveux et rêveur à la fois, du pur Wong Kar-Wai première époque. Trente ans plus tard, le film n’a rien perdu ni de sa fulgurance esthétique, ni de son incandescence romantique. Si l’on désespère de voir encore un nouveau film du maître hongkongais – son dernier long, The Grandmaster, remonte à 2013, après quoi il s’est consacré à des séries -, on se replonge avec délectation dans cet opus de jeunesse dispensant trouble et mélancolie dans le sillage de ces anges déchus…

Les anges déchus

De Wong Kar-Wai. Avec Leon Lai, Michelle Reis, Takeshi Kaneshiro. 1995

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