Sables mouvants

Timothée Chalamet et Zendaya face aux sables d’Arrakis – Courtesy Warner Bros

L’adaptation de Dune, le roman-culte de Frank Herbert paru en 1965, a longtemps été réputée impossible, Alejandro Jodorowsky s’y cassant les dents – il faut voir Jodorowski’s Dune, le génial documentaire consacré par Frank Pavich à l’aventure –, avant que David Lynch n’en tire, en 1984, un film modérément convaincant (euphémisme). Il faudra l’opiniâtreté de Denis Villeneuve pour voir l’entreprise couronnée de succès au tournant des années 2020, le réalisateur de Arrival signant une impressionnante odyssée stellaire, portée par un Timothée Chalamet charismatique dans le rôle de Paul Atréides.

Exposant les enjeux de la saga à venir, Dune : Part One avait par endroit un petit air de pilote d’une série. Reprenant l’histoire là où il l’avait laissée, le cinéaste canadien rentre cette fois directement dans le vif du sujet. Après que les Harkonnen ont massacré les Atréides avec la complicité de l’empereur qui leur a confié la gouvernance d’Arrakis et l’exploitation de l’épice – « celui qui contrôle l’épice contrôle tout le reste » -, Paul et sa mère, Jessica (Rebecca Ferguson), ont trouvé refuge auprès des Fremen, le peuple autochtone de la planète. Et de s’unir à ces derniers pour mener la révolte contre les oppresseurs, Paul endossant le statut d’élu. Non sans être tiraillé entre son amour pour Chani (Zendaya) et son devoir, et interroger le bien-fondé de son destin messianique, ses sombres prémonitions laissant entrevoir une dérive tyrannique ouvrant sur une possible guerre sainte galactique. Ambiguïté dans laquelle réside pour partie l’intérêt d’un Dune : Part 2 qui malmène la figure du héros, l’un des thèmes d’un film résonant avec le présent, de son sous-texte écologique à la montée du fanatisme religieux, parmi d’autres.

Au même titre qu’un Christopher Nolan, Denis Villeneuve s’impose pour sa part comme le champion du blockbuster d’auteur, respectant le cahier des charges – moins d’exposition, plus d’action – tout en y imprimant sa vision. Un bâtisseur de mondes qui, s’il ne lésine pas sur les effets spectaculaires, les emballe avec une incontestable maestria (voir, par exemple, la scène magistrale où Paul Atréides chevauche un ver des sables pour être adoubé par les Fremen), tout en tirant un profit maximum de la majesté des décors de Wadi Rum, en Jordanie, et de Abu Dhabi. Ajoutez-y un Chalamet toujours impeccable emmenant un casting de luxe où l’on retrouve encore Josh Brolin, Charlotte Rampling, Christopher Walken, Florence Pugh, Austin Butler et jusqu’à Léa Seydoux, et ce Dune : Part Two ne manque assurément pas d’arguments. L’on n’en restera du reste pas là : sans surprise, un troisième volet est d’ores et déjà annoncé.

Dune

Science-fiction. De Denis Villeneuve. Avec Timothée Chalamet, Zendaya, Austin Butler.

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