Once in a Lifetime

David Byrne

De Stop Making Sense, le documentaire qui consacrait, en 1984, la rencontre des Talking Heads et de Jonathan Demme, on considère généralement qu’il s’agit du meilleur film de concert jamais tourné – plus fort que The Last Waltz, de Martin Scorsese, ou Ziggy Stardust and the Spiders from Mars, de D.A. Pennebaker, pas moins. Quarante ans plus tard, et alors qu’il ressort en salles dans une impeccable restauration 4K, force est de constater que cette réputation flatteuse n’est point usurpée, Demme (qui allait tourner dans la foulée Something Wild puis, quelques années plus tard, The Silence of the Lambs) ayant su capturer l’éclat du groupe new-yorkais et de son leader, David Byrne, alors à leur zénith créatif.

Filmé trois nuits de décembre 1983 au Pantages Theater de Los Angeles à l’occasion de la tournée Speaking in Tongues, ce live est exceptionnel à plus d’un titre, à l’intensité de la prestation du groupe répondant l’intelligence du dispositif scénique, qualités devant lesquelles Jonathan Demme a l’élégance de s’effacer. Le film débute ainsi dans le plus grand dépouillement, Byrne, seul en scène avec une guitare acoustique et un enregistreur à cassettes pour interpréter Psycho Killer, les autres Talking Heads faisant leur entrée à tour de rôle – Tina Weymouth pour Heaven, Chris Frantz sur Thank You For Sending Me an Angel et Jerry Harrison pour Found a Job -, bientôt rejoints par les cinq musiciens et choristes additionnels, tandis que le décor coulissant se met lui aussi en place. Et la magie d’opérer irrésistiblement, le répertoire, imparable – Burning Down the House, Life During Wartime, Once in a Lifetime… -, étant idéalement servi par la cohésion et l’énergie dégagées par l’ensemble. A quoi Byrne ajoute, de sa gestuelle imprévisible, l’indispensable grain de folie, en un mélange d’exubérance et de ferveur déclinées de chorégraphies athlétiques en gimmicks fameux – ainsi du légendaire « big suit » (inspiré du théâtre Nô) enfilé pour Girlfriend Is Better -, pour un résultat tout simplement euphorisant. Comme pour mieux célébrer son génie, Demme opte pour une mise en scène discrète mais inspirée, réussissant au passage à faire de ce concert un pur moment de cinéma. Classique du genre, Stop Making Sense est un film sur lequel le temps semble ne pas avoir prise. Pas plus d’ailleurs que sur la musique, inoxydable, des Talking Heads.

Stop Making Sense

Documentaire musical. De Jonathan Demme. Avec David Byrne, Tina Weymouth, Chris Frantz, Jerry Harrison. 1984.

cote: 5/5

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *