C’est l’histoire de Kika (Manon Clavel), assistante sociale dans un CPAS bruxellois, et n’en finissant pas de courir pour tenter de concilier un boulot auquel elle se consacre corps et âme et une vie de famille qu’elle partage avec Paul (Thomas Coumans) et leur fillette, Louison (Suzanna Elbaz). Un quotidien surchargé qui bascule lorsqu’elle rencontre fortuitement David (Makita Samba). Le coup de foudre est instantané, mais s’ils filent bientôt le parfait amour et décident de s’installer ensemble, leur bonheur est fugace, la mort soudaine de David laissant Kika mère célibataire et enceinte d’un second enfant, le coeur en bouillie et fauchée. Sans appart aussi, mais pas sans ressources, la jeune femme décidant de s’improviser dominatrice afin de joindre les deux bouts.
Pour son premier long métrage de fiction, Alexe Poukine, autrice des documentaires Sans frapper et Sauve qui peut, s’attache à la précarité au féminin à travers le parcours de son héroïne au bord de la rupture. La réalisatrice s’y entend pour déjouer les attentes, son film démarrant comme une comédie romantique pour bifurquer vers le drame, sans pour autant se départir d’une certaine drôlerie ni d’une légèreté bienvenue, tout en portant sur la prostitution un regard dénué de préjugés. Partant, l’aventure de Kika se révèle entreprise libératrice, elle qui va trouver dans le BDSM et la solidarité féminine matière à se reconstruire. Une proposition à laquelle Manon Clavel, épatante, apporte sensibilité lunaire et naturel désarmant, achevant de faire de ce film, doublement primé au Briff – Grand Prix de la compétition nationale et meilleure actrice – une franche réussite.
Kika
Comédie dramatique d’Alexe Poukine. Avec Manon Clavel, Makita Samba, Thomas Coumans, Anaël Snoek.