Errance crépusculaire à Istanbul

« New Dawn Fades » de Gürcan Keltek.

Première incursion dans la fiction du documentariste turc Gürcan Keltek, New Dawn Fades (ainsi nommé d’après la chanson de Joy Division) est un objet cinématographique déroutant, le cinéaste y chroniquant sur trois jours l’errance d’un jeune homme d’une vingtaine d’années dans un dédale psychique et urbain. Il s’appelle Akin (Cem Yigit Üzümoglu), a suivi des études théâtrales et souffre de troubles mentaux chroniques que ni ses séjours répétés à l’hôpital ni les soins prodigués par son entourage n’ont réussi à apaiser, son mal mystérieux le laissant notamment en proie à des hallucinations. Et de chercher un répit dans de longues déambulations stambouliotes le conduisant d’édifices religieux au Bosphore, dans une quête de sens teintée de mysticisme semblant n’avoir d’autre effet que de le déconnecter toujours plus de la réalité…

New Dawn Fades s’écarte pour sa part résolument des schémas narratifs traditionnels, auxquels Gürcan Keltek préfère une expérience sensorielle reflétant la confusion s’emparant de son protagoniste principal. Ce qu’il perd en lisibilité, le film le compense par puissance formelle, étirant les scènes pour immerger le spectateur dans une Istanbul crépusculaire magnifiée par la photographie de Peter Zeitlinger, collaborateur de longue date de Werner Herzog, diverses fulgurances visuelles et l’électro de Son of Philip achevant de donner à l’ensemble un tour aussi étrange qu’hypnotique. Esotérique, mais pas moins fascinant.

New Dawn Fades

Drame de Gürcan Keltek. Avec Cem Yigit Üzümoglu, Erol Babaoglu, Ayla Algan, Suzan Kardes.

cote: 3/5

Le film est présenté à Bozar dans le cadre de Moussem Cities Istanbul.

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