Il y avait eu Natalie Portman en Jackie Onassis, suivie de Kristen Stewart en Lady Diana Spencer; voici aujourd’hui Angelina Jolie en Maria Callas, Pablo Larrain ponctuant de la sorte sa trilogie consacrée à des icônes féminines du 20e siècle. La cantatrice, le cinéaste chilien en met en scène les derniers jours, en septembre 1977, quand, hantée par sa splendeur passée et réfugiée dans son vaste appartement parisien avec sa camériste (Alba Rohrwacher) et son majordome (Pierfrancesco Favino) pour unique compagnie, elle rêve à un retour rendu illusoire par sa voix défaillante. Circonstances tragiques qui donnent au cinéaste chilien l’occasion de retracer sa vie en préférant à l’orthodoxie biographique une rêverie mélancolique, privilégiant la puissance d’évocation plutôt que la seule vérité historique.
S’ensuit une déambulation dans les rues de Paris et dans les replis de la mémoire de la diva, convoquant visions fantasmées et épisodes de son passé, de la Scala de Milan à la Fenice de Venise; de l’adolescence athénienne à la rencontre avec Onassis (Haluk Bilginer). Des impressions de la Callas pour un portrait-puzzle, à l’image de celui qu’elle assemble à sa main pour Mandrax (comme l’hypnotique dont elle usait sans modération), un jeune journaliste (Kodi Smit-McPhee) venu l’interviewer. Larrain fait preuve de sa virtuosité coutumière, naviguant dans la vie et l’imaginaire de son modèle, la fiction se superposant aux archives, vraies ou reconstituées, parmi d’autres compositions dont le réalisateur de Post Mortem a le secret. Enveloppée d’une gaze ombrée (la photographie, superbe, est signée Ed Lachman, collaborateur régulier de Todd Haynes), sa Maria a des allures de chant funèbre, atteignant parfois à la magie pure, comme lorsqu’il recrée Madame Butterfly sous l’ondée parisienne, la prestation étincelante d’Angelina Jolie achevant de donner à ce faux biopic des contours aussi élégants que troublants.
Maria
Drame biographique de Pablo Larrain. Avec Angelina Jolie, Alba Rohrwacher, Pierfrancesco Favino.