Ivresse de l’amour

Malik Frikah et Mallory Wanecque

Dix-sept ans déjà que Gilles Lellouche rêvait d’adapter Jackie Loves Johnser OK ?, l’unique roman de l’écrivain irlandais Neville Thompson. Le résultat, c’est aujourd’hui L’amour ouf, film somme déclinant le motif de l’amour fou sur arrière-plan de polar. L’action débute dans les années 80, dans le marasme d’une petite ville industrielle du nord de la France. Zonant avec ses potes à l’entrée du lycée, Clotaire (Malik Frikah) asticote une nouvelle élève, Jackie (Mallory Wanecque). Elle a du répondant, et l’envoie paître aussi sec, le coup de foudre aimantant les deux ados n’en est pas moins irrésistible, du genre à tout balayer sur son passage, à commencer par leur différence de milieu social. Jusqu’au jour où, à force de flirter avec les embrouilles, Clotaire atterrit en prison. Dix ans plus tard, la vie vient rebattre les cartes lorsque leurs routes se croisent à nouveau, lui (sous les traits de François Civil), sorti de taule ivre de vengeance, elle (Adèle Exarchopoulos), ayant refait sa vie aux côtés de Jeffrey (Vincent Lacoste)…

L’amour ouf est un film maousse. Par les moyens déployés et son casting poids lourd, puisqu’aux comédiens susnommés, il faut ajouter Alain Chabat (excellent), Karim Leklou (tout aussi impeccable), Elodie Bouchez, Jean-Pascal Zadi, Raphaël Quenard et autre Benoît Poelvoorde. Mais aussi par l’addition de fantasmes de cinéma qu’y a empilés Gilles Lellouche. Il y a ainsi au moins deux films dans L’amour ouf. Très réussi, le premier est un teen movie solaire, transcendé par ses deux formidables jeunes acteurs, et rebattant le motif de la romance adolescente avec un souffle enivrant – jusqu’à être, par endroits, touché par la grâce, comme dans une chorégraphie lumineuse exécutée sur A Forest, de The Cure. Basculant du côté du polar, la seconde partie est moins convaincante, qui traduit, au risque cette fois de saouler, la fascination de Lellouche pour une violence graphique héritée du cinéma américain façon Scorsese; tendance qu’avait, du reste, déjà esquissée une scène initiale manipulatrice. Le film, du coup, en apparaît surchargé. Mais soit, l’amour (ouf) ne s’encombre pas de demi-mesures…

L’amour ouf

Romance de Gilles Lellouche. Avec Malik Frikah, Mallory Wanecque, Adèle Exarchopoulos, François Civil.

cote: 3/5

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