Empruntant son titre au reality show dont il fut la star quatorze années durant, The Apprentice se penche sur les années d’apprentissage de Donald Trump (Sebastian Stan) quand, dans le New York des années 70 et 80, le jeune businessman s’attelait à s’imposer en magnat de l’immobilier. Entreprise dans laquelle il va s’assurer le concours du sulfureux Roy Cohn (Jeremy Strong), avocat ultra-conservateur (il avait notamment travaillé aux côtés du sénateur MacCarthy pendant la chasse aux sorcières) aux méthodes « borderline » qui deviendra son maître à penser, la fin justifiant les moyens douteux utilisés.
Ce pacte et l’ascension qui s’ensuivit inspirent au cinéaste danois d’origine iranienne Ali Abbasi (Holy Spider) et à son scénariste Gabriel Sherman un portrait au vitriol mais sans véritable surprise de celui qui brigue aujourd’hui un second mandat à la présidence des Etats-Unis (le film s’étant d’ailleurs attiré les foudres de son état-major). Le jeune Donald – magistral Sebastian Stan – y apparaît dévoré par l’ambition, d’une voracité sans limite, dénué de morale comme de scrupules, médiocre, égocentrique, vulgaire, et l’on en passe. Autant de traits dont Trump a depuis saturé l’espace médiatique, si bien que le film peut sembler en retrait de ses outrances. The Apprentice n’est pas dénué d’intérêt pour autant : habillant son propos d’un grain vintage que l’on jurerait d’époque, Abbasi se concentre sur la fascinante relation unissant le futur animal politique à son mentor. Un Roy Cohn – interprété en surrégime par Jeremy Strong – qui enseignera à son disciple les trois règles auxquelles il se fera fort de ne jamais déroger : « Attaquer. Toujours nier. Ne jamais admettre la défaite. »
The Apprentice
Film biographique d’Ali Abbasi. Avec Sebastian Stan, Jeremy Strong, Maria Bakalova