Banpo, une bourgade chinoise, au coeur des années 90. La découverte du cadavre d’une femme au bord de la rivière met la petite ville en émoi, à charge pour l’inspecteur Ma Zhe (Zhu Yilong), pressé par sa hiérarchie, de résoudre l’affaire au plus vite. Débute un polar détrempé, qui va voir le jeune flic d’humeur laconique quitter ses bureaux installés dans un cinéma désaffecté, pour dériver sous une pluie battante et s’enfoncer dans les méandres d’une enquête se dérobant au fil de crimes à répétition. Non sans devoir composer avec les affres d’une paternité prochaine, son couple se déchirant après qu’une échographie a décelé une possible malformation du nourrisson…
Pour son quatrième long métrage, Wei Shujun s’essaie au néo noir (d’encre), signant un film n’étant pas sans évoquer le cinéma d’un Diao Yi’nan, l’auteur du Lac aux oies sauvages. Un polar existentiel qu’il exécute avec une parfaite maîtrise, le grain d’époque – Only the River Flows a été tourné en 16mm – traduisant idéalement le marasme semblant envelopper une société chinoise en mutation, tandis que Ma Zhe évolue à tâtons dans un brouillard autant physique que mental. Un brin corseté dans son côté exercice de style, ce portrait d’un flic rincé n’en est pas moins aussi troublant qu’envoûtant.
Only the River Flows
Polar de Wei Shujun. Avec Zhu Yilong, Chloé Maajan, Hou Tianlai.
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