Si sa carrière s’est étirée sur une quarantaine d’années, et aligne notamment des films avec Michelangelo Antonioni (Profession: reporter) ou Jacques Rivette (Merry-Go-Round), c’est surtout pour Le dernier tango à Paris, de Bernardo Bertolucci, que Maria Schneider est passée à la postérité. Et pour cause, le film – avec sa scène de viol dont le réalisateur et sa star, Marlon Brando, s’étaient bien gardés de la prévenir, histoire d’en préserver la « vérité » à l’écran – ayant fait un scandale retentissant à sa sortie, avec un impact dévastateur sur la jeune femme.
Cet épisode violent constitue le noeud du biopic que consacre aujourd’hui Jessica Palud (Revenir) à la comédienne (campée par Anamaria Vartolomei), que l’on découvre âgée de 16 ans, lorsque sa mère (Marie Gillain) la vire de chez elle pour avoir renoué avec son père, l’acteur Daniel Gélin (Yvan Attal). Et ce dernier de l’introduire dans le milieu du cinéma, Maria étant bientôt remarquée par Bertolucci (Giuseppe Maggio) qui l’engage pour tenir le premier rôle du Dernier tango à Paris face à la légende Brando (Matt Dillon). L’actrice se jette dans l’aventure avec la fougue et l’audace de sa jeunesse (elle a à peine 19 ans), confiante aussi dans les promesses du réalisateur – « on tournera le plus artistiquement possible ». La suite n’en sera que plus douloureuse, le tournage virant au cauchemar avec cette scène qui ne figurait pas en l’état dans le scénario, et la laissera anéantie. Avant de la poursuivre d’interviews – où elle s’exprime en pure perte sur cette agression sexuelle – en propositions de rôles capitalisant sur sa réputation sulfureuse, début d’une descente aux enfers qui la verra basculer dans l’héroïne.
Le destin fracassé de Maria Schneider résonne évidemment avec l’actualité post #MeToo. La réussite du film de Jessica Palud – qui a débuté sa carrière comme stagiaire sur… The Dreamers, de Bertolucci, et adapte ici librement le livre Tu t’appelais Maria Schneider, de Vanessa Schneider – ne doit pas qu’à cet élément circonstanciel. Adoptant le point de vue exclusif de la jeune femme, la cinéaste, sans rien ôter à la dureté du propos, y imprime la distance appropriée, tout en évitant les lourdeurs traditionnelles du biopic par un recours habile aux ellipses. Mais si Maria bouscule et bouleverse, c’est aussi grâce à son interprétation magistrale, le film vibrant de l’intensité de Anamaria Vartolomei, découverte dans L’événement d’Audrey Diwan, et stupéfiante de vérité face à Matt Dillon, dont le Brando a la force de l’évidence.
Maria
Drame biographique de Jessica Palud. Avec Anamaria Vartolomei, Matt Dillon, Marie Gillain.
Le jeu de l’actrice est dingue, vraiment, l’horreur de la scène de viol (et du climat de l’époque) est très bien restituée aussi mais certains passages sonnaient faux… L’infirmière qui attend à côté de Maria qu’elle se décide à retourner dans sa chambre, la dispute avec la maman… Mais on s’en fout, contente que le film existe !
Chouette blog !
Merci !