Découverte en 2000 avec Italian for Beginners, un film réalisé suivant les principes du Dogme 95, la cinéaste danoise Lone Scherfig a ensuite emprunté des chemins plus convenus, poursuivant l’essentiel de sa carrière en Grande-Bretagne, où elle a notamment signé An Education, One Day ou Their Finest. Changement de décor avec La Contadora de peliculas, situé au Chili au tournant des années 70, dans une petite ville minière du désert d’Atacama où l’on retrouve Medardo (Antonio de la Torre), Maria Magnolia (Bérénice Bejo) et leurs quatre enfants. La vie est difficile, leur quotidien est toutefois illuminé par la sortie dominicale au cinéma où la famille communie devant des classiques hollywoodiens, de The Man Who Shot Liberty Valance à From Here to Eternity. L’accident dont est victime le père à la mine met fin à ce rituel, la précarité ne laissant d’autre choix aux parents que d’envoyer les enfants à tour de rôle voir le film de la semaine, pour ensuite le raconter à la famille. Un exercice dans lequel excelle la cadette, Maria Margerita (Alondra Valenzuela puis Sara Becker, formidable), l’ensemble de la petite communauté se bousculant bientôt afin d’apprécier ses talents de conteuse…
Adapté du roman éponyme de Hernan Rivera Letelier, La Contadora de peliculas évoque irrésistiblement Cinema Paradiso, Lone Scherfig y allant de sa lettre d’amour enflammée au septième art – « nous sommes faits de la même étoffe que les films », observe la narratrice -, et à son pouvoir de réenchanter l’existence. La cinéaste y greffe un récit d’apprentissage au féminin, adossant le destin de Maria Margerita a celui, mouvementé, du Chili. Une ambition louable pour un résultat inégal, le récit s’éparpillant au gré des épisodes d’un scénario trop chargé, tout en adoptant des accents mélo. Le charme opère néanmoins en douceur, porté par un élan romanesque bercé de nostalgie.
La Contadora de peliculas
Drame. De Lone Scherfig. Avec Bérénice Bejo, Sara Becker, Daniel Brühl.