Cela commence par un diagnostic médical, tellement impensable qu’il lui inspire cette question : « Il n’y a pas eu de confusion ? » A 28 ans, Nino (Théodore Pellerin) vient d’apprendre qu’il est atteint d’un cancer de la gorge. Sa chimiothérapie doit débuter le lundi suivant, laissant un week-end au jeune homme pour prendre une série de dispositions lui faisant l’impression de montagnes : prévenir ses proches, ou encore congeler ses spermatozoïdes s’il voulait jamais avoir un enfant. Un temps de latence qui va se transformer en moment de flottement dans Paris où il se prend à dériver, ses clés égarées comme lui, passant de fête d’anniversaire en retrouvailles inopinées et autres rencontres improbables. Comme si la conscience soudaine de sa mortalité lui permettait de renaître à la vie…
L’histoire d’un jeune homme démuni face au cancer qui le frappe par surprise, la feuille de route s’annonçait pour le moins chargée. Pauline Loquès en prend le parfait contre-pied pour signer, avec Nino, un premier long métrage lumineux et débordant de vie. Si la réalisatrice trouve le ton juste, osant encore une pointe d’humour et de légèreté, le film doit aussi sa réussite à son comédien principal, le Québécois Théodore Pellerin, toujours subtilement à côté à l’heure d’entamer une errance qu’éclairent divers personnages secondaires – formidablement incarnés par Salomé Dewaels, William Lebghil, Jeanne Balibar ou Mathieu Amalric. Le portrait sensible de Nino – héritier assumé de la Cléo de Varda – se double bientôt de celui d’une ville mais aussi d’une époque, perspective à laquelle Pauline Loquès donne des contours délicatement enivrants. Un film touché par la grâce.
Drame de Pauline Loquès. Avec Théodore Pellerin, William Lebghil, Salomé Dewaels, Jeanne Balibar.