Transfuge de classe

Eloy Pohu et Maksym Slivinskyi.

« Un film de Laurent Cantet réalisé par Robin Campillo » annonce l’affiche de Enzo. Le film est en effet cosigné par les deux cinéastes, amis et collaborateurs de longue date, le second ayant repris le projet du premier, décédé en avril 2024, quelques semaines avant le début du tournage. A l’instar de L’atelier ou de Foxfire, Enzo est un portrait d’adolescence, celui d’Enzo (Eloy Pohu), un jeune homme qui, étouffant dans un cadre familial bourgeois et désireux de se soustraire à un itinéraire tout tracé – pourquoi pas les Beaux-Arts, lui qui est doué pour le dessin, lui suggèrent ses parents (Elodie Bouchez et Pierfrancesco Favino) ? – choisit de devenir apprenti maçon sur un chantier à La Ciotat. Un métier pour lequel il ne montre que fort peu de dispositions, Vlad (Maksym Slivinskyi), un collègue ukrainien, décidant de le prendre sous son aile, leur rencontre, si elle entrouvre un nouvel horizon à l’ado de 16 ans, venant aussi ajouter à sa confusion.

S’inscrivant dans la lignée de l’oeuvre de Laurent Cantet, Enzo porte aussi la griffe de Robin Campillo, le réalisateur de 120 battements par minute imprégnant de sensualité diffuse les tâtonnements de ce transfuge de classe dont il traduit le mal-être par touches sensibles. Inscrit au confluent de l’intime et du politique, de l’éveil du désir et du déterminisme social, le récit d’apprentissage est aussi puissant que troublant. Il trouve dans le débutant Eloy Pohu un interprète idéal, mystère intact tandis que sa quête se heurte à un monde n’ayant qu’incertitudes à lui offrir…

Drame

De Laurent Cantet, réalisé par Robin Campillo. Avec Eloy Pohu, Maksym Slivinskyi, Elodie Bouchez, Pierfrancesco Favino.

cote: 4/5

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