Bucarest, le 20 décembre 1989. Alors que la Roumanie est au bord de la révolution, ils sont quelques-uns à endurer les ultimes sursauts du régime de Ceaucescu : vielle dame respectable ne pouvant se résoudre à quitter sa maison promise à une destruction imminente; ouvrier se décomposant quand il apprend que son gamin a écrit au Père Noël une lettre souhaitant en son nom la disparition du « conducator »; réalisateur de télévision ne sachant à quel saint se vouer après que l’actrice-vedette du spectacle de propagande de Nouvel An a fait défection, et l’on en passe… Soit six destins croisés pour raconter la suspicion généralisée et la peur, mais aussi la colère et la contestation bourgeonnante dans un pays sur le point sur le point de basculer, alors que la radio diffuse de timides échos des événements de Timisoara…
Premier long métrage de Bodgan Muresanu, révélé en 2018 par le court The Christmas Gift, The New Year That Never Came baigne dans une atmosphère de fin de règne, le réalisateur situant son propos à la veille de la manifestation qui devait précipiter la chute de Ceaucescu. Des événements que le cinéaste roumain aborde sous la forme d’un film choral au accents de comédie noire, embrassant aussi bien l’absurdité d’un système à l’agonie que le souverain élan de liberté s’emparant de la population. Le tout, filmé avec un grain vintage et dans un format 4:3 de circonstance, et orchestré en un puissant crescendo au son du Boléro, pour un résultat aussi grinçant que réjouissant.
The New Year That Never Came
Comédie noire de Bogdan Muresanu. Avec Adrian Vancica, Nicoleta Hâncu, Emilia Dobrin.