Tourné à l’orée des années 70, M*A*S*H devait imposer définitivement Robert Altman à l’international, le film remportant la Palme d’or à Cannes. L’action se situe pendant la guerre de Corée (métaphore limpide de celle du Vietnam), dans un hôpital de campagne où débarquent deux chirurgiens cyniques et coureurs de jupons, « Hawkeye » Pierce (Donald Sutherland) et « Duke » Forrest (Tom Skerritt), bientôt rejoints par un autre anticonformiste, « Trapper » John McIntyre (Elliott Gould). Lesquels, histoire de pouvoir supporter l’horreur au quotidien de la « salle » d’opération, passent leur temps à braver l’autorité – celle du rigide major Burns (Robert Duvall) et de la non moins raide major Margaret « Hot Lips » O’Houlihan en particulier – et à draguer les infirmières quand ils ne jouent pas au golf, un vent d’anarchie et de libertinage soufflant bientôt sur le campement…
Comédie grinçante, M*A*S*H reste l’un des jalons essentiels du « Nouvel Hollywood » comme de la filmographie de Robert Altman, qui y recourt à une narration chorale (dominée par Sutherland et Gould, irrésistibles) qui deviendra l’une de ses spécialités, de Nashville à Gosford Park. Le réalisateur s’y livre à une virulente charge antimilitariste, dénonçant l’absurdité de la guerre tout en sapant allègrement l’autorité du commandement militaire. La satire est féroce, la comédie brocarde à tout va – on y trouve jusqu’à une parodie de la dernière cène -, et le résultat est assurément décoiffant. Et cela même si, produit de la contre-culture comme de son époque, M*A*S*H apparaît aujourd’hui singulièrement daté, tant par son humour potache que par son machisme décomplexé.
M*A*S*H
Comédie satirique de Robert Altman. Avec Donald Sutherland, Elliott Gould, Tom Skerritt, Sally Kellerman, Robert Duvall.
M*A*S*H est présenté à Flagey dans le cadre d’un cycle consacré au centenaire de Robert Altman.