Adapté du roman éponyme de Elisa Shua Dusapin, Hiver à Sokcho a pour cadre une petite station balnéaire coréenne à la morte saison. C’est là, dans ce cadre comme figé par la neige, que l’on découvre Soo-Ha (Bella Kim), vingt-trois ans et un quotidien morne, partagé entre un petit ami songeant surtout à partir à Séoul, son travail dans une pension défraîchie, et ses visites à sa mère (My-Hyeon Park), marchande de poisson au marché local. Ordinaire routinier bouleversé par l’arrivée à l’auberge de Yan Kerrand (Roschdy Zem), un dessinateur de BD en mal d’inspiration débarqué de Normandie, la présence de cet homme taciturne ayant le don de raviver les questions de la jeune femme sur son identité et ce père français qu’elle n’a jamais connu…
Premier long métrage du cinéaste franco-japonais Koya Kamura, Hiver à Sokcho explore, en déjouant les attentes, le lien fragile qui va s’esquisser entre leurs deux solitudes, au-delà des silences et des non-dits. Le réalisateur a le trait sensuel et délicat, enrobant les interrogations identitaires de la jeune femme dans un écrin de douceur. Et berçant de mélancolie les évolutions des deux personnages, auxquels Bella Kim, lumineuse dans son premier rôle, et Roschdy Zem, parfait d’austérité mutique, apportent un luxe de nuances. Pour signer, baigné dans une atmosphère douce-amère de circonstance, un drame intime feutré de toute beauté.
Winter in Sokcho
Drame de Koya Kamura. Avec Bella Kim, Roschdy Zem, Mi-Hyeon Park.