Viêt and Nam débute dans la pénombre d’une mine de charbon où deux jeunes gens s’aiment en secret. Ils s’appellent Nam et Viêt, garçons sans père dont la douce étreinte va ouvrir sur un périple sensuel et sensoriel dans un horizon vietnamien peuplé de fantômes. Nam aspire à un avenir meilleur, perspective passant par un exil clandestin dans un conteneur maritime et la séparation d’avec son amant. Mais avant de partir, il veut, aidé par sa mère et Viêt, retrouver la dépouille de son père, soldat disparu pendant la guerre du Vietnam, un conflit dont les échos hantent les mémoires tout en jalonnant le paysage…
Troisième long métrage du cinéaste vietnamien Tru’o’ng Minh Quy, Viêt and Nam est une expérience en tous points envoûtante. Le réalisateur y brouille les frontières entre documentaire et fiction tout comme entre rêve et réalité. Il se joue aussi habilement de la temporalité, les traumatismes du passé ne cessant d’inoculer le présent, tandis que le récit se déploie entre profondeurs et nature luxuriante, le recours à un argentique 16mm en accentuant la dimension hypnotique. S’ensuit, sur arrière-plan d’histoire d’amour, le portrait troublant du Vietnam contemporain et de ses fantômes, rêverie étrange dont la stupéfiante beauté n’est pas sans rappeler le cinéma d’un Apichatpong Weerasethakul. Passé par Un Certain Regard, à Cannes, le film est présenté au 23, la salle de cinéma récemment inaugurée par Bozar. C’est une pépite.
Viêt and Nam
Drame de Tru’o’ng Minh Quy. Avec Thanh Hai Pham, Duy Bao Dinh Dao.