L’âge n’a pas de prise (ou alors si peu) sur Clint Eastwood qui, à 94 ans bien frappés, se fend d’un nouveau long métrage comme réalisateur – son 41e, annoncé aussi comme son ultime. Si les récents Cry Macho et The Mule capitalisaient sur sa légende, il en va autrement de Juror #2, drame judiciaire ayant pour décor Savannah, en Géorgie, comme en son temps Midnight in the Garden of Good and Evil. Au coeur du film, Justin Kemp (Nicholas Hoult), un futur père de famille goûtant à un bonheur sans nuage aux côtés de Ally (Zoey Deutch). Jusqu’au jour où il est désigné juré dans le procès pour meurtre d’un homme (Gabriel Basso) accusé d’avoir tué sa compagne (Francesca Eastwood) suite à une énième virée houleuse dans un bar du coin. Si nul ne semble douter de sa culpabilité, et certainement pas la procureure (Toni Collette) en charge de l’affaire, Justin ne tarde pas à réaliser être au courant d’éléments qui pourraient infléchir le verdict, et pour cause…
S’appuyant sur un postulat de départ quelque peu tiré par les cheveux, Eastwood questionne la notion de justice et de vérité dans un film de procès habile. Alternant dans un premier temps reconstitution et scènes de prétoire, avant de se focaliser sur les délibérations du jury façon 12 hommes en colère, la narration est sans surprise mais prenante, Eastwood tirant le meilleur parti du dilemme moral auquel se trouve confronté son protagoniste principal – un rôle dans lequel excelle Nicholas Hoult, au même titre d’ailleurs que Toni Collette. Mis en scène avec une décontraction confinant par endroit à la désinvolture, Juror #2 n’approche certes pas les chefs-d’oeuvre de son auteur, les Unforgiven, Mystic River et autre Million Dollar Baby. Qu’importe : avec ce film classique maintenant tout du long une ambiguïté bienvenue, Clint Eastwood n’en réussit pas moins sa sortie…
Juror #2
Drame judiciaire de Clint Eastwood. Avec Nicholas Hoult, Toni Collette, J.K. Simmons.
