Elle s’appelle Elena, est espagnole, et avec Diego, son compagnon d’origine vénézuélienne, ils ont décidé de quitter Barcelone pour tenter leur chance aux Etats-Unis après qu’elle a gagné une « green card » à la loterie. Et d’embarquer à destination de Miami avec escale à Newark; un voyage sans histoire, n’était le stress d’usage. Mais à peine ont-ils mis un pied sur le sol américain qu’un agent des services de l’immigration à qui ils viennent de remettre leurs passeports les invite à le suivre pour des « contrôles supplémentaires ». Un euphémisme pour désigner un interrogatoire aussi serré qu’intimidant, les questions, d’abord circonstancielles, se faisant toujours plus intrusives, l’avenir de ce couple de trentenaires se dérobant à mesure que leur vie privée est déballée sans égard pour les conséquences…
Réalisateurs vénézuéliens installés en Espagne, Alejandro Rojas et Juan Sebastian Vasquez se sont inspirés de leur expérience et de celle de leurs proches lors de leurs visites aux Etats-Unis pour écrire Upon Entry. Et le film frappe d’abord par son réalisme, tandis que l’on accompagne Elena, peu encline à s’en laisser conter, et Diego, plus fébrile – il est latino-américain, circonstance « aggravante » dans l’Amérique de Donald Trump – dans leur mauvais rêve américain. Servi par la rigueur minimaliste de sa mise en scène, l’intelligence de son scénario et l’excellence de l’interprétation de Bruna Cusi et Alberto Ammann, s’ensuit un huis clos suffocant doublé d’un modèle de thriller psychologique sous haute tension. Mais aussi, ramassé en 77 minutes, un film politique acéré transpirant l’angoisse de ce couple de candidats à l’immigration confronté au racisme ordinaire, aux manipulations et à la violence psychologique des représentants de l’autorité. Pour un résultat aussi haletant que secouant.
Upon Entry
Thriller psychologique d’Alejandro Rojas et Juan Sebastian Vasquez. Avec Alberto Ammann, Bruna Cusi, Laura Gomez.
Super film!!