Après le théâtre dans Yannick, le cinéma dans Le deuxième acte: pour son treizième long métrage, le prolifique Quentin Dupieux brocarde allègrement le milieu du septième art, avec une attention toute particulière pour ses stars. Elles sont quatre à se prêter au jeu dans cette comédie méta s’invitant sur le tournage d’un film au pitch anecdotique : Florence (Léa Seydoux) brûle de présenter David (Louis Garrel), dont elle est éperdument amoureuse, à son père Guillaume (Vincent Lindon), sans soupçonner que l’homme de sa vie tente de la jeter dans les bras de son pote Willy (Raphaël Quenard), le quatuor devant se retrouver au « Deuxième acte », un restaurant échoué en rase campagne. Un scénario de vaudeville fréquemment interrompu par les acteurs brisant le quatrième mur, et multipliant les commentaires sur l’inanité du film qu’ils sont en train de tourner – le premier écrit et réalisé par une intelligence artificielle -, leur métier et, pourquoi pas, l’état du monde, fiction et réalité se confondant.
Dialogues affûtés, comédiens maniant l’autodérision avec aplomb – les échanges vachards entre Lindon et Seydoux sont un régal -, le tout relevé d’un numéro d’exception de Manuel Guillot dans le rôle d’un figurant perdant ses moyens, cette satire grinçante, inscrite aussi dans l’ère #MeToo, est assurément jouissive. L’on est toutefois chez Dupieux, un auteur dont les films, de Rubber au Daim, reposent sur une (bonne) idée, étirée jusqu’à épuisement. Le deuxième acte ne fait pas exception à la règle, ce qui en situe aussi les limites objectives.
Le deuxième acte
Comédie grinçante de Quentin Dupieux. Avec Léa Seydoux, Vincent Lindon, Louis Garrel, Raphaël Quenard.