Révélé il y a quinze ans par Io sono l’amore, Luca Guadagnino s’est ensuite multiplié sur les terrains les plus divers, au phénomène Call Me by Your Name venant s’ajouter un remake dispensable de La Piscine (A Bigger Splash), et un autre, nettement plus réussi, de Suspiria. Deux ans après la romance cannibale Bones and All, le voilà qui s’attèle aujourd’hui, avec Challengers, à un triangle amoureux situé dans le milieu du tennis. Art Donaldson (Mike Faist) et Patrick Zweig (Josh O’Connor) sont deux champions en devenir qui, s’ils ne se ménagent pas sur les courts, sont plus encore unis par une bromance fusionnelle. De sportive, leur rivalité devient sentimentale lorsqu’ils rencontrent Tashi (Zendaya), une prodige de la petite balle jaune dont ils tombent l’un et l’autre raides amoureux. Treize ans plus tard, la jeune femme a épousé Art dont elle est aussi devenue la coach, contribuant à faire de lui une star alors que la carrière de Patrick restait désespérément au point mort. Moment où les chemins du trio vont se recroiser, passé et présent se télescopant bientôt…
Challengers est un objet singulier: si les méandres amoureux qu’il dépeint flirtent allègrement avec le roman-photo, Guadagnino y imprime la dramaturgie d’un match de tennis, histoire d’y ajouter un surcroît de tension, non sans enrober le tout de l’esthétique léchée et sensuelle qui est sa marque de fabrique. Pour autant, le résultat ne s’avère que modérément convaincant : variation sur Jules et Jim, le film n’en a pas la grâce, à quoi son réalisateur préfère un clinquant fort publicitaire (raccord avec un placement de produits outrancier), la présence magnétique de l’impeccable Zendaya ne suffisant pas à gommer l’impression de superficialité émanant de l’ensemble, prototype de divertissement pas déplaisant mais évanescent…
Challengers
Drame. De Luca Guadagnino. Avec Zendaya, Josh O’Connor, Mike Faist.
