Révélée par le documentaire Petit Samedi, Paloma Sermon-Daï s’attèle dans Il pleut dans la maison, son premier long métrage de fiction, à une chronique adolescente généreusement infusée de réel. Au coeur du film, Makenzy et Purdey, frère et soeur à l’écran comme à la ville, que leur mère alcoolique laisse livrés à eux-mêmes et à un quotidien galère dans la maison délabrée de leur grand-mère, non loin des lacs de l’Eau d’Heure. Tandis que le premier, 15 ans, passe le plus clair de son temps à glander et voler les touristes avec son pote Donovan, l’aînée, 17 ans, fait des ménages dans un complexe touristique voisin, histoire de subvenir à leurs besoins, non sans rêver à un ailleurs moins précaire. Et les journées de s’étirer mollement dans la chaleur caniculaire de l’été, suspendues entre insouciance adolescente et basculement dans le monde adulte, les inégalités sociales et les rapports de classes complétant un paysage couleur marasme.
Inscrit dans la réalité wallonne, Il pleut dans la maison double ce portrait d’adolescence(s) d’une chronique sociale suintant la vérité de chaque plan. Une question de hauteur du regard, et celui de Paloma Sermon-Daï n’est jamais misérabiliste; une question de justesse aussi, et l’interprétation de Purdey Lombet et Makenzy Lombet, qui jouent des personnages décalés de leur vécu, vibre de naturel. En découle une fiction aux accents documentaires, un film dur et solaire à la fois dont la modestie n’enlève rien à la force.
Il pleut dans la maison
Drame social. De Paloma Sermon-Daï. Avec Purdey Lombet, Makenzy Lombet.